Difficile de désigner un seul trader comme étant le meilleur trader au monde.

Disons plutôt qu’il existe un certain nombre de traders exceptionnels, chacun à sa manière : son histoire, sa classe d’actifs de prédilection, ses coups d’éclats …

Alors qui sont-ils, ces fameux traders qui ont marqué leur époque et qui suscitent l’admiration (et la jalousie) de leurs pairs ? Dans cet article, nous avons mis en lumière cinq d’entre eux : Georges Soros, Stanley Druckenmiller, Andry Krieger, Bill Lipschutz, Bruce Kovner.

Georges Soros (1930-): l’homme qui a fait plier la Banque d’Angleterre

Sa vie : le financier-philosophe

Né en 1930, Georges Soros a commencé sa carrière de financier chez Singer & Friedlander après des études en philosophie à la London School of Economics , aujourd’hui l’une des dernières banques d’investissement indépendantes.

Il commence comme simple clerc, puis intègre rapidement la division des arbitrages. Féru de philosophie, esprit brillant, Georges le “financier-philosophe” avait avant cela fui sa Hongrie natale, occupée par les nazis et ravagée par le siège de 1945.

Les boulots s’enchaînent pour lui, avant qu’il ne décide à créer Double Eagle en 1969, un fonds spéculatif gérant 12 millions $, rebaptisé par la suite Quantum Funds (1973). Avec ses profits issus de Double Eagle, il fonde rapidement Soros Fund Management  en 1972.

Depuis ses débuts, on estime que les fonds gérés par Soros ont généré plus de 40 milliards $ de profits !

Ses trades célèbres : le maître de la vente à découvert

C’est en 1992 que le nom de Georges Soros se révèle au grand public. Il vend à découvert plus de 10 milliards de £, prenant le pari que la livre sterling devra sortir du mécanisme de taux de change européen.

Son trade met une telle pression sur la Bank of England, les interventions de celle-ci échouant finalement à maintenir la livre sterling dans les marges de prix requises par le mécanisme.

Le 16 septembre 1992, appelé depuis le “mercredi noir”, la livre sterling est définitivement retirée du système européen, faisant gagner près de 650 millions $ aux fonds de Soros.

En 1993, la simple annonce du rachat des actions de Newmont Mining à Sir James Goldsmith fait bondir de 14 % les actions de la compagnie. Et pas n’importe laquelle : c’est la plus importante mine d’or sur le sol américain ! 

Tablant (très justement) sur un retour de l’inflation, Soros décide de miser sur l’or comme valeur-refuge face au dollar.

Ses phrases célèbres

“Une fois que nous réalisons que la compréhension imparfaite est la condition humaine, il n’y a pas de honte à se tromper, mais seulement à ne pas corriger nos erreurs”.

“Les marchés sont constamment dans un état d’incertitude, si vous voulez y gagner de l’argent il faut le faire en écartant l’évidence et en pariant sur l’inattendu”.

“Les bulles boursières ne naissent pas à partir de rien. Elles ont une base solide dans la réalité, seulement la réalité est déformée par une idée fausse”.

 

Stanley Druckenmiller (1953-) : le trader de l’ombre de Soros

Sa vie : un républicain conservateur

Stanley est américain, issu de la bourgeoisie typiquement wasp et plus précisément de la banlieue de Philadelphie.

Après avoir abandonné un PhD d’économie à l’Université du Michigan au bout de 2 semestres, il intègre à 24 ans et comme stagiaire une petite banque de Pittsburgh, la Pittsburgh National Bank. Les succès s’enchaînent, il passe alors de simple analyste des marchés du pétrole à directeur de la division du trading actions.

En 1981, il fonde Duquesne Capital Management et accepte en 1985 de cumuler la gestion de son propre hedge fund avec la casquette de directeur du fonds Dreyfus Fund, filiale du cabinet Dreyfus.

En 1988, Soros le convainc de prendre la tête de son fonds Quantum Funds, en remplacement de Victor Niederhoffer. Druckenmiller a ensuite géré avec succès l’argent de George Soros pendant plusieurs années dans son rôle de gestionnaire principal de 1989 à 2000.

Ses trades célèbres : livre sterling, or et bitcoin

Druckenmiller a évidemment travaillé avec Soros sur le célèbre short de la livre sterling en 1992, c’est d’ailleurs qui a véritablement lancé son ascension.

Sa renommée s’est accrue lorsqu’il a été présenté dans le livre à succès The New Market Wizards, publié dans la foulée du trade contre la Banque d’Angleterre.

Après avoir survécu au krach de 2008, il a fermé son fonds spéculatif Duquesne Capital Management, admettant qu’il était “épuisé” par le besoin constant de maintenir des profits.

Druckenmiller est un investisseur de type top-down, et il est en réalité à l’origine des coups d’éclats attribués à George Soros : détenir un groupe d’actions sur le long terme, puis un groupe d’actions à découvert, et enfin utilise l’effet de levier pour trader le Forex par le biais de contrats à terme et d’instruments divers.

Ses phrases célèbres

“Bitcoin is like anything else: it’s worth what people are willing to pay for it. …” (Le Bitcoin est comme tout le reste: il vaut ce que les gens sont prêts à payer. …)

“Earnings don’t move the overall market; it’s the Federal Reserve Board” (Les revenus ne font pas bouger le marché dans son ensemble; c’est la Fed)

“Soros has taught me that when you have tremendous conviction on a trade, you have to go for the jugular” (Soros m’a appris que lorsque vous est convaincu du bien-fondé d’un trade, vous y allez franchement)

Andy Krieger (1955-) : le funambule de l’effet de levier

Sa vie : la voie royale

Krieger intègre la Bankers Trust de Salomon Brothers en 1986, après avoir été diplômé de la très prestigieuse Wharton School de l’Université de Pennsylvanie.

Il a rapidement acquis la réputation d’être l’un des traders les plus agressifs, bénéficiant ouvertement de l’appui du conseil d’administration de la banque.

Pour cette raison, lui seul disposait d’une limite de négociation à 700 millions $, quand ses pairs ne disposaient que de 50 millions $ …

Ses trades célèbres : Forex et effet de levier

Krieger est de longue date un spécialiste du Forex. L’acuité de ses vues sur le sujet a maintes fois été rapportée dans la presse par ses ex-collègues et d’autres traders qui ont croisé sa route.

Parmi ses devises de prédilection, le dollar néo-zélandais (NZD), qu’il croyait vulnérable aux ventes à découvert dans le cadre d’une panique mondiale des actifs financiers.

Jugez un peu : il a utilisé un extraordinaire effet de levier de 1:400, c’est-à-dire sa limite de négociation, pour acquérir une position short plus importante que la masse monétaire néo-zélandaise en 1987.

Trader Forex à succès (à 32 ans), Krieger surveillait attentivement le rallye haussier des devises face au dollar américain après le crash du Black Monday. Et pour cause : alors que les investisseurs et les entreprises sortaient de leurs positions sur l’USD pour se tourner vers d’autres devises moins impactées par le choc boursier, certaines devises deviendraient inévitablement surévaluées, créant des opportunités à retardement.

Avec une technique innovante à base d’options Forex, Krieger a donc pris une position short contre le NZD, pour plusieurs centaines de millions de dollars.

Cette pression, combinée à l’insuffisance de monnaie en circulation, a vite dégonflé le kiwi. Celui-ci perd jusqu’à 5%, pendant que Krieger liquide ses positions et empoche des gains records !.

Bill Lipschutz (1956-) : prototype du Trader Forex moderne

Sa vie : tennisman et mathématicien

Bill Lipschutz a commencé le trading alors qu’il fréquentait l’Université Cornell à la fin des années 1970.

Il affirme avoir fait passer son compte de 12 000 $ (hérités de sa grand-mère) à 250 000 $, preuves à l’appui ! Cependant, Lipschutz perd la totalité de son capital sur un mauvais trade, ce qui le marquera durablement quant à la prééminence d’une bonne gestion des risques sur les profits.

En 1982, il intègre Salomon Brothers tout en poursuivant un MBA.

Ses trades célèbres : le “sultan du Forex”

Ce surnom, Lipschutz ne le doit pas au hasard. Avec le recul des années, les observateurs s’accordent pour reconnaître en lui le prototype du trader Forex moderne.

Chez Salomon Brothers, il a aidé à monter un tout nouveau département pour le trading forex. Malgré son peu d’expérience, Lipschutz a réalisé pour eux des bénéfices de plusieurs centaines de millions $ dans les années 80.

Avec 16 mois d’affilée en positif, il était à l’origine de plus de 50% du volume des options sur devises à la Bourse de Philadelphie !

En 1985, il gagnait 300 millions de dollars par an pour Salomon Brothers. Il était le principal négociant pour le compte de change de la société, jusqu’à son départ en 1990. Après cela, il est devenu le PDG de North Tower Group, une filiale de Merrill Lynch Corporation. En 1995, il a cofondé Hathersage Capital Management, avec ses camarades de classe de Cornell. L’entreprise est un macro-gestionnaire mondial, spécialisé dans … les devises.

Avec ses échecs de la 1ère heure, Lipschutz a contribué à populariser le ratio risque / rendement (RRR ou Risk-Reward Ratio). Il a aussi popularisé la limite de 2% du capital utilisé dans une seule transaction.

La compréhension profonde des mécanismes boursiers, du marché des devises et plus globalement du marché mondial des changes sont aussi des caractéristiques que les ex-traders Forex de Salomon ont retenu du “sultan des devises” Lipschutz.

En effet, Lipschutz ne tradait des paires de devises que si les fondamentaux étaient favorables, reléguant temporairement l’analyse technique au second plan. 

Ses phrases célèbres

“It’s very difficult to be different from the rest of the crowd the majority of the time, which by definition is what you’re doing if you’re a successful trader” (Il est très difficile d’être différent du reste de la foule la plupart du temps, ce qui, par définition, est ce que vous faites si vous êtes un trader prospère.)

“I don’t think you can consistently be a winning trader if you’re banking on being right more than 50 percent of the time” (Je ne pense pas que vous puissiez toujours être un trader gagnant si vous comptez avoir raison plus de 50% du temps)

Bruce Kovner

Sa vie : de chauffeur de taxi à gestionnaire de fonds

Bruce Kovner est né en 1945 à Brooklyn, New York et n’a fait son premier métier qu’en 1977, alors qu’il avait 32 ans.

Comme Lipschutz, Kovner a commencé à trader avec un petit capital. Avec 3 000 $ empruntés sur sa MasterCard, Kovner raconte que son 1er trade fut un contrat à terme sur le … soja en 1977 !

Ce 1er trade voit ses bénéfices grimper à 40 000 $, avant de retomber brutalement à 23 000 $, décidant le jeune Kovner a clôturer sa position.

Kovner décrit cette expérience éprouvante comme fondatrice, dans la mesure où elle lui a fait saisir toute l’importance de la gestion des risques. Dans ses mémoires, Kovner écrit : «j’ai eu un énorme gain mais j’en ai perdu la moitié au moment de sortir de position ! J’ai perdu la moitié de mon profit potentiel en une heure. J’en ai été physiquement malade pendant une semaine. Avec le recul, ce fut évidemment une très bonne chose… Cela m’a aidé à comprendre le risque et à créer des structures pour le contrôler”.

Ses trades célèbres : pas un seul, mais toute une série

Après avoir quitté l’Université, Kovner est devenu trader chez Commodities Corporation (qui est devenue plus tard rachetée par la célèbre banque d’investissement Goldman Sachs), et aurait acquis une petite réputation à Wall Street en amassant des millions de bénéfices pour la société grâce à son style de trading unique.

Après avoir connu le succès avec Commodities Corp, Kovner part et crée sa propre boutique, Caxton Associates, dont les actifs gérés atteignent 14 milliards de dollars, répartis entre les positions sur les matières premières et les devises.

Le fonds a connu un énorme succès, avec des rendements annuels moyens de 28% – étant fermé aux nouveaux investisseurs depuis 1992.

Ses phrases célèbres

    • “Risk management is the most important thing to be well understood.” (La gestion des risques est la chose la plus importante à bien comprendre.)
  • “Fundamentalists who say they are not going to pay any attention to the charts are like a doctor who says he’s not going to take a patient’s temperature.” (Ceux qui font de l’analyse fondamentale et qui disent ne pas prêter attention aux graphiques sont comme des médecins qui prétendent soigner sans prendre la température d’un patient.)
  • “Whenever I enter a position, I have a predetermined stop. That is the only way I can sleep. I know where I’m getting out before I get in. The position size on a trade is determined by the stop, and the stop-loss is determined on a technical basis.” (Chaque fois que j’entre dans une position, j’ai un stop-loss prédéterminé)

En conclusion

Des marchés des devises aux marchés d’actions, de Soros à Kovner, qu’est-ce qui fait qu’un trader en vienne à être considéré, caricaturalement ou pas, comme le meilleur trader du monde

Tous ont appris le métier dans des entreprises de renom (brokers, courtiers, banques d’investissement). Tous ont montré un incroyable talent et une énorme capacité de travail. Tous ont également cherché et imposé leur style de trading, que celui-ci soit ultra-agressif ou hyper-conservateur. Tous répètent l’importance de la gestion des risques et les leçons tirées de leurs échecs quand ils n’étaient que débutants.

Ils sont incroyablement dévoués, obsédés par ce qu’ils font. Chaque histoire de nous fait comprendre qu’il n’y a pas de gain sans perte (ou beaucoup de pertes), mais accumuler les erreurs au début facilite la progression par la suite.

Pouvez-vous connaître le même succès à votre échelle ? Tout est possible ! Il n’est pas nécessaire d’avoir des millions de dollars pour commencer à faire du trading avec votre broker Forex.

Si vous ne l’avez pas encore fait, commencez par ouvrir un compte de trading démo auprès d’un courtier Forex & CFD, faites des recherches sur le marché, sur les paires de devises, les plateformes de trading, les mécanismes fondamentaux des monnaies … 

By the way, d’autres daytraders intéressants à suivre, sur YouTube (ils font aussi du coaching) ou sur les plateformes de trading comme TradingView :

  • Ross Cameron
  • Brett N. Steenbarger
  • Sasha Evdakov
  • Rayner Teo
  • Timothy Sykes
  • Andrew Aziz
  • Mark Minervini

 

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